Gueules pimpées.
Il y a quelque temps, je me suis beaucoup intéressée à ceux qu’on appelle les « gueules cassées » — ces soldats dont le visage fut déformé par la Première Guerre mondiale. Un traumatisme auquel il était impossible d’échapper.
À ce trauma s’en ajoutait un autre : beaucoup d’anciens soldats furent marginalisés, rejetés par leur famille ou par la société (et notamment l’Etat Français qui ne jugea pas ces blessures comme invalidantes). Ces hommes, perçus comme « difformes » car défigurés, renvoyaient à une horreur que l’on préférait ignorer ou oublier.
Se posait alors pour eux la question de la reconstruction psychique, indissociable de la reconstruction physique.
Une chirurgienne du nom de Suzanne Noël, pionnière de la chirurgie réparatrice, fit beaucoup pour ces hommes. L’artiste-plasticienne Anna Coleman Ladd (encore une nana !), réalisa des masques pour leur permettre de retrouver un semblant de vie “normale”.
J’ai trouvé ce travail génial.
Que dit ce regard — notre regard — qui se détourne de ce qu’il perçoit comme dérangeant, monstrueux ?
En travaillant sur ces portraits photo, en habillant sans dissimuler, je me laisse surprendre par ce qui s’en dégage à nouveau.
Projet en cours